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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 21:31

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/86/38/20271863.jpg

Je me suis précipitée pour voir le nouveau film romantique avec Keira Knightley et j'ai été passablement déçue. Réalisé par Joe Wright, pourtant l'auteur du superbe Orgueil et Préjugés, il exprime cette fois-ci une originalité artistique très forte mais de vraies lacunes dans la composition du drame, de l'histoire, du jeu des acteurs...Quel gâchis!

http://static.cotecine.fr/tb/Photos/800x600/ANNA+KARENINE+PHOTO5.JPGAvant tout autre considération, pour Joe Wright, un film semble devoir être grandiose: c'est d'abord un spectacle, et du grand spectacle!  En toute logique, le réalisateur place ses personnages dans un théâtre: le film suit avec une certaine grâce les personnages qui commencent sur la scène du théâtre, en coulisses ou dans le parterre, et qui poursuivent leur jeu dans un espace filmique propre, l'espace imaginaire qui donne vie et réalité à ce que l'on voit à l'écran. Si l'idée est jolie, la vue du théâtre me projetait malheureusement hors du film et de l'histoire, en me faisant prendre trop de distance!

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/53/21/20294049.jpgLa réalisation est néanmoins splendide: les scènes dansées ou très mouvementées, sont filmées avec brio comme si les plans dansaient eux-mêmes, avec un rythme judicieux. Ces petits bijoux auraient pu faire l'objet de court-métrages très réussis. Au cœur d'un film qui traîne en longueur, le décalage est trop fort.  

Malaise tout à fait inédit pour moi: la mise en scène qui part d'un théâtre, d'un espace fermé, a fait naître en moi une espèce de  claustrophobie cinématographique, une impression d'enfermement très dérangeante, comme si le film ne pouvait pas prendre son élan à l'extérieur, dans le monde, au soleil. Les seules moments où l'on en sort sont les scènes qui prennent place dans la campagne russe: les lumières y sont douces, tout semble serein, rien n'est surchargé, ni en gens, ni en apparats. Le contraste, parfaitement réalisé, m'a néanmoins mis trop mal à l'aise pour souhaiter en féliciter l'auteur. Le drame reste cloîtré sur scène, scène mondaine, chargée de pesanteurs, de jugements, d'idées courtes, à l'image de l'enfermement des héros, enfermement psychologique et social que nous ressentons pleinement.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/86/38/20272149.jpgLe film possède certes des qualités. Malheureusement, elles ne sont pas suffisantes. En effet, l'histoire ne prend pas. Et c'est tout de même très embêtant ! Le film est devient très ennuyeux: si certains acteurs s'en sortent grâce à leur talent, comme Keira Knightley et Jude Law, les autres ne sont pas toujours à la hauteur (sauvons aussi Alicia Vikander, la jolie Kitty). On ne croit pas à l'histoire d'amour entre Anna et le prince Vronski, la passion d'Anna semble hors de propos, incohérente, incompréhensible ; le prince est censé être également passionné ? Je n'en ai aucune idée...

http://www.lesfillesduweb.com/wp-content/uploads/2012/10/AnnaKarenine.jpgLes sentiments semblent étouffés: l'impression d'enfermement a peut-être  aussi déteint sur les personnages, jusqu'à les rendre fades et apathiques! Rien ne nous accroche à cette histoire. Les rebondissements sont plus des occasions pour le réalisateur de montrer son talent à manier images, rythme et musique que des moments palpitants qui approfondissent le drame. Il cherchait un prétexte pour faire un film, une histoire sur laquelle poser ses grands sabots... Pour la subtilité et la finesse des sentiments, il faudra repasser !http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/53/21/20294076.jpg

Anna Karenine, de Joe Wright, avec Keira Knightley, Jude Law et Aaron Taylor-Johnson, 2012

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 21:02

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/09/73/20250231.jpg

Isabelle, alias Diane Kruger, a une vie parfaite: elle est belle, amoureuse et dentiste... Malheureusement, les femmes de sa famille sont victimes d'une terrible malédiction: le premier mariage n'est jamais le bon. Comment faire? Après 10 ans d'un amour parfait, qui rime ici avec habitudes, métronome et exactitude, Isabelle se décide à déjouer le destin et concocte avec sa sœur un plan... parfait! Le premier mariage est toujours un échec? Qu'à cela ne tienne, elle va se marier et divorcer avec le premier venu en un rien de temps.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/09/73/20272306.jpgTout, bien entendu, sera plus difficile que prévu. Dany Boon est excellent en pauvre type attendrissant et Diane Kruger surprenante dans sa première comédie. De Nairobi à Moscou, on suit avec grand plaisir ces deux êtres que tout oppose et qui finiront par s'ouvrir l'un à l'autre. Le scénario est certes classique mais pas les rebondissements.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/09/73/20272316.jpg

C'est une comédie où les sentiments valsent entre mensonges et vérités, où le rapprochement quasi impossible entre les deux héros est un ressort bien ficelé. Les deux personnages s'emmêlent les sentiments joyeusement et nous aussi. On se sait plus lequel des deux est le plus pathétique et cela n'a plus d'importance. Ils se rencontrent vraiment lorsque nous aussi nous les aimons bien tous les deux.

Bref, c'est un film sympathique, plutôt bien construit et porté par deux excellents acteurs.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/09/73/20272320.jpg

Un plan parfait, de Pascal Chaumeil, avec Diane Kruger et Dany Boon, 2012.

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 20:05

Nonfilm, ou vive l'absurde!

Il s'agit d'une mise en abyme de la réalisation d'un film qui remet en question la séparation entre film et non film, fiction et réalité, et presque vie et non vie. On peut s'amuser à y voir la lutte de l'artiste pour l'existence de son film, l'artiste seul contre tous, celui qui ne vit que pour son œuvre ou celui, artiste ou pas, désamparé en-dehors du cadre, face à trop de libertés. Tout cela fait référence à divers passages du film et vous pouvez interpréter différemment le film, très riche pour cela!

 

 

Nonfilm, de Quentin Dupieux, 2001.

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 18:23

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/67/19857008.jpg

 

Nana est une petite fille de quatre ans qui vit à la campagne, entre sa mère et son grand-père.

La scène d'ouverture est la mise à mort et la saignée d'un cochon, avec trois enfants en arrière-plan, regardant la scène sans émoi. Néanmoins, le ton est donné: sous l'apparente simplicité, avec ses longues séquences, ses plans fixes et ses personnages peu bavards, le film témoigne de la présence sous-jacente de la cruauté dans la vie de la fillette.

Chez sa mère, dans une vieille maison à l'orée d'un bois, la petite Cendrillon se satisfait fort bien de son existence. Elle joue, examine, explore, comme n'importe quelle petite fille. Mais elle ne demande jamais d'aide et en reçoit fort peu. D'où cette scène assez incroyable où pendant cinq minutes Nana tente de couper sa viande, debout, sans rechigner à la tâche, avec patience, tandis que sa mère, à côté d'elle, mange la sienne et regarde sa fille de temps à autre, sans rien dire, déjà inexistante.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/67/19856984.jpgAussi, lorsqu'un soir, Nana rentre de l'école et ne trouve personne chez elle, c'est sans panique qu'elle fait face à la situation. Sa vie n'est quasiment pas bouleversée par cet événement. Avec constance et application, Nana prend soin d'elle et de la maison, enfouissant son sentiment d'abandon dans les habitudes de vie. La cruauté n'est pas visible à l'écran mais elle naît dans nos cœurs, petit à petit. Car, en filmant avec une apparente simplicité, la réalisatrice réussit son pari de nous mettre à hauteur d'enfants, et, comme Nana, nous ne comprenons pas ce qui lui arrive et on n'en saura pas plus qu'elle à la fin du film. Le décalage que la fillette vit entre son insouciance et sa responsabilité peut être perçu, par exemple, au moment où, après avoir ramené un lièvre mort, coincé dans un piège, elle hésite entre les caresses et le dépeçage, du moins notre propre regard hésite: est-ce une peluche ou du gibier?

http://cinema.nouvelobs.com/media/std_article/17/17920/formatted_image/top_home_image.jpg?1334331424Le film s'ouvre et se referme sur la mort: cruellement d'abord, avec celle du cochon, puis poétiquement, avec la représentation de la mort supposée de la mère, devenant une sorte de belle au bois dormant, allongée dans un lit en pleine forêt, mais endormie à jamais. Nana s'approche d'elle, des couvertures et des jouets (les souvenirs associés à sa mère?) qu'elle a apportés jusque là, et lui jette le vieux livre de contes qu'elles lisaient ensemble quelques fois. Cela lui permet de clore la relation mais aussi d'exprimer ce qu'elle ressent : un peu à la manière de ce qui ne sert plus, de ce qui est trop usé, on jette tout cela à la décharge et on ne revient pas en arrière.

http://2.bp.blogspot.com/-JPGiIYBvhZY/TxliIPbEJTI/AAAAAAAADMo/L5chp0MaC1A/s1600/nana+2+AM.jpgC'est le grand-père qui vient récupérer Nana, sans explication, sans effusion de sentiments. Une nouvelle page de sa vie se tourne mais elle reste fidèle à elle-même, comme ne comptant déjà que sur elle-même, seul roc stable dans sa courte vie. On remarque son caractère dès l'affiche du film: elle regarde vers nous, adultes, avec interrogation, mais sans peur ni reproche, prête, quoi qu'il arrive, à assumer sa vie. Ainsi, le dernier plan montre Nana et son papy marchant côte à côte ; elle lui demande s'il va bien : or, on aimerait plutôt que ce soit le grand-père qui lui pose la question et que l'on prenne enfin soin d'elle!

Nana, de Valérie Massadian, avec Kelyna Lecomte, Alain Sabras, Marie Delmas, 2012.

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 18:51

 

http://www.decitre.fr/gi/19/9782862609119FS.gif

Inconnu à cette adresse est une œuvre poignante de Kressmann Taylor publiée en 1938. Il s'agit du premier roman de cet écrivain.

http://denimtampons.com/enligne/components/com_virtuemart/shop_image/product/TAMPON_PETITE_AR_4d890dd3aa1af.pngL'histoire est celle, bouleversante, d'une amitié brisée et d'une vengeance impérieuse.

Roman épistolaire, nous suivons la correspondance entre deux Allemands pendant les années 1930: l'un est juif et vit en Californie, où il vend des œuvres d'art, l'autre, après avoir fait fortune aux États-Unis, est retourné vivre en Allemagne avec sa famille. D'abord en filigrane, la montée du nazisme et de son idéologie en Allemagne se fait plus flagrante, jusqu'à renverser irrémédiablement la relation entre les amis.

L'un après l'autre, ils vont se perdre dans la haine, le premier dans une vengeance tout aussi implacable que l'idéologie qui dépersonnalise peu à peu le second.

http://denimtampons.com/enligne/components/com_virtuemart/shop_image/product/TAMPON_PETITE_AR_4d890dd3aa1af.pngAdapté au théâtre par Michèle Levy-Bram et joué actuellement au théâtre Antoine à Paris, vous pouvez aussi trouver l'ouvrage, en bibliothèque ou d'occaion, en édition jeunesse et en CD audio.

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 17:19

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/63/12/40/18719095.jpg

Spoiler.

Je livre ici une petite analyse de ce grand film avec quelques mises en garde: je n'ai pas vu tous les films de David Lynch et je ne suis pas spécialiste des thèmes qui inspirent ce cinéaste. Je formule donc des propositions d'analyse!

Il s'agit d'une analyse et non d'une présentation du film: cela s'adresse avant tout à ceux qui ont vu le film.

Ceci est la deuxième partie de l'analyse de ce film. Pour lire la première partie, cliquez sur le lien ci-dessous:

Première partie : différents niveaux de réalité


Deuxième partie : approche psychanalytique et transcendance spirituelle

La culpabilité semble s'incarner en une jeune femme brune qui, armée d'un tournevis, voudra tuer Nikki. Elle ne serait qu'un nouveau dédoublement de Nikki, sa part sombre, son démon intérieur. Par ailleurs, le tournevis est aussi possédé par Nikki, pris pour se défendre, mais qui sera finalement retourné contre elle. La jeune femme brune ressemble à celle, plus jeune, enfermée dans une chambre qui regarde Nikki à la télévision (elles ont le même type de cheveux, bruns et bouclés). On pourrait dire que la jeune fille représente la partie meurtrie de Nikki, celle qui est bloquée psychologiquement sur le drame vécu. L'héroïne la libère à la fin après s'être réconciliée avec elle (car elle l'embrasse et se fond en elle). La jeune fille, en sortant de la pièce, court à travers différents couloirs, avant de se retrouver dans une maison, celle que l'on connait déjà, décorée en orange et vert. Cette dernière revient souvent dans le film; d'un point de vue symbolique, elle représente souvent le moi de la personne qui rêve. Revenant dans son propre moi, son propre elle-même, la jeune fille retrouve un foyer aimant, peut-être celui qu'elle a quitté, psychologiquement, à cause du drame; elle retrouve peut-être aussi ses rêves d'enfant (se marier ? Avoir une famille?). Le tout sous le regard d'un enfant, comme si elle retrouvait un état enfantin...

http://img.over-blog.com/298x168/0/39/55/81/inland_empire_7.jpgNikki est donc tué par un tournevis planté dans le ventre. Du moins, Sue est-elle tuée puisque cela faisait partie du film tourné. Le symbole du ventre est important : c'est ce qui enfante chez la femme. Or, Nikki se disait enceinte puis parle de la mort de son petit garçon. On pourrait dire que meurtrir le ventre, c'est tuer la partie coupable chez elle. Au moment de mourir, une sans-abri raconte l'étrange histoire d'une amie qui s'est fait un trou dans le vagin, trou qui lui arrive dans les intestins... Voilà le lien entre le viol, la culpabilité puis la mort. Quant au petit garçon, celui qui meurt ou celui qui rentre à la maison au moment où la jeune fille retrouve son foyer, on ne peut s'empêcher de penser au premier conte de la voisine-sorcière : celui où un petit garçon sort de chez lui pour jouer dehors et se retrouve nez à nez avec le Mal. S'il rentre, c'est bon signe, non ?

http://viewings.files.wordpress.com/2007/11/inland-empire.jpgCela fait une drôle d'impression à Nikki lorsque son personnage est tué. Elle erre ensuite sur les plateaux et débarque dans une grande salle de cinéma vide, où elle se voit sur l'écran, où l'on revoit des images du film tourné, notamment le passage où l'héroïne rencontre un homme à lunettes qui l'écoute sans parler (un commissaire? un psy ?) et à qui elle raconte enfin le drame qu'elle a vécu. Cette projection peut être un moyen pour s'observer soi-même, prendre de la distance, s'analyser et évoluer; pour «dé-coller » de la réalité et changer de rôle et de comportement. Le terme de projection est intéressant pour lier cinéma et inconscient: l'inconscient projette des peurs, par exemple, dans la réalité, projette des sentiments qui s'incarnent, et que l'on prend alors pour la vérité.

http://3.bp.blogspot.com/_mpBGa4P5jUo/TBIuv7rrFKI/AAAAAAAAEsA/tOm2B_4hGhI/s1600/inlandempire2.jpgCe même monsieur à lunettes apparaît dans le cinéma et l'invite à la suivre à l'étage (guide spirituel?). Ce qu'elle fait. Elle ne le retrouve plus mais se perd dans des couloirs et des pièces, qui, eux-aussi, représentent l'inconscient dans les rêves. Au détour d'un couloir, la voilà nez à nez avec son pire cauchemar ! Armé d'un pistolet trouvé dans une des pièces, elle va lui tirer dessus à plusieurs reprises : c'est son violeur, celui qui lui a fait du mal. Elle affronte ainsi sa plus grande souffrance (regardez la tête horrible de l'homme avant de disparaître). Les balles ne le touchent pas puisque tout n'est que symbole. Mais elle tue sa plus grande peur. Juste après cela, elle s'en va libérer la jeune fille prisonnière du passé. Puis, elle retrouve la riche maison du début, celle où elle accueillait sa voisine-sorcière : cette fois-ci, on retrouve Nikki, le sourire serein, le regard clair, comme une personne enfin libre, sans peurs et confiante. Sa robe est céleste, mêlée de bleu et de blanc. Or, pour que ce nouveau moi naisse, il fallait que l'ancien meurt. D'où la mort symbolique de Nikki, à travers le personnage de Sue, un peu avant dans le film.

http://www.anport.dk/inlandempire/inlandempire1.jpgUne dernière aventure l'a attendue dans ces différentes pièces : elle a pénétré sur la scène de théâtre où les petits lapins humanisés jouaient des rôles très caricaturaux (lire la première partie). Jusqu'ici, lorsque la pièce de théâtre était filmée, Nikki, par deux fois, s'exprimait en voix off pour dire qu'un jour elle comprendrait tout cela, démêlerait l'incompréhensible. Une fois sur scène, on peut deviner qu'elle a réussi : elle est applaudie et même acclamée. Le spot qui l'éclaire forme une étoile en son centre... Ainsi, son désir de devenir une star était en fait le désir d'évoluer spirituellement, d'être une étoile parmi les étoiles.

Cette salle est peut-être la partie la plus archaïque de l'inconscient, la partie bestiale, celle qui préfère jouer des rôles plutôt que de les remettre en question; partie également la plus profonde et la plus difficile d'accès, qu'il faut pourtant rejoindre pour pouvoir évoluer.

Enfin, la maison décorée en orange et vert, où Nikki se réfugie, qui accueille des incarnations de ses pensées et de ses croyances, cette maison qui la représente est très intéressante. Ces deux couleurs, vert et orange, constamment portée par l'héroïne, sont les couleurs de deux chakras (puisque l'on parle d'évolution spirituelle) :

-l'orange est en lien avec la sexualité,

-le vert est en lien avec le cœur et donc les peines de cœur.

http://chakrasenergie.net/resources/les+Chakras.jpg

Cette proposition de lecture n'est certes pas complète; il manque le thème de l'adultère ou encore de la vie de star. Si David Lynch maîtrise les métaphores, il est dommage que ses films ne soient pas plus accessibles. La complexité n'est pas gage de chef-d' œuvre.


Inland Empire, de David Lynch, avec Laura Dern, Justin Theroux et Jeremy Irons, 2007.

 

 

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 16:34

Spoiler.

Je livre ici une petite analyse de ce grand film avec quelques mises en garde: je n'ai pas vu tous les films de David Lynch et je ne suis pas spécialiste des thèmes qui inspirent ce cinéaste. Je formule donc des propositions d'analyse!

Il s'agit d'une analyse et non d'une présentation du film: cela s'adresse avant tout à ceux qui ont vu le film.

Inland Empire est un quartier de Los Angeles, voisin de terres arides, nous précise la "quatrième de couverture" du DVD. Cela nous évoque aussi le royaume de l'inconscient, de cette partie intérieure, enfouie en nous, difficile d'accès et qui nous gouverne plus qu'on ne veut bien l'admettre. On s'approchera donc de la psychanalyse pour obtenir quelques clés de compréhension.

L'affiche montre deux fois la même femme : dans la partie supérieure, elle est en pleine lumière, sous les feux des projecteurs, elle est blonde et a l'air serein ; on ne voit qu'une partie du visage effrayé de la jeune femme, dans la partie inférieure de l'affiche, et les couleurs sont sombres. Il y aurait donc une dichotomie entre l'apparence de la jeune femme et sa vie intérieure, emplie de peurs. Or, les premières images du film sont obscures: nous y avons donc un aperçu de ce qui peuplerait l'inconscient de Nikki, l'héroïne, la jeune femme de l'affiche.

Ces premières images introduisent aussi un autre thème: les différents niveaux de réalité ou de représentation de la réalité avec des scènes filmées normalement, puis une jeune fille regardant ces mêmes images à la télévision, ensuite une pièce de théâtre, enfin l'univers du cinéma et celui des rêves.

Une longue séquence nous présente Nikki accueillant une nouvelle voisine, une dame un peu étrange vêtue de vert sapin; on verra plus loin l'importance des couleurs. Au mélange des réalités, s'ajoute celui des temporalités: hier, aujourd'hui et demain se confondent désormais. Or, le temps n'existe pas pour l'inconscient. En racontant des contes, l’inquiétante vieille dame, endosse un rôle de conteuse ou de sorcière, un peu à l'image des La Loba qui peuplent Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. D'une certaine façon, elle pousse Nikki à affronter ses démons, à s'aventurer dans différents niveaux de réalité, qu'il lui faut explorer, afin d'évoluer. En effet, on apprend vers le milieu du film que Nikki a subi, étant plus jeune, une agression sexuelle et qu'elle s'est défendue (ou aurait voulu se défendre) avec acharnement et violence.



Première partie : les différents niveaux de réalité

Nikki se dédouble souvent : cela lui permet de s'observer, de s'analyser et de se comprendre, de la même façon que nous regardons le film en en cherchant les clés. Cela a lieu la première fois lorsque la voisine lui annonce que, le lendemain, elle décrochera le premier rôle qu'elle attend : Nikki se voit alors elle-même, dans ce futur évoqué, sur le canapé situé en face d'elle, attendant avec des amies, le fameux coup de fil. Et hop, nous avons glissé dans l'espace-temps ! Un semblant d'histoire commence alors quand Nikki obtient ce fameux premier rôle pour jouer dans un film racontant un adultère, film dont on apprend qu'il est un remake car le premier n'a pas pu être fini, pour des raisons inconnues. Le mystérieux revient petit à petit, lorsque Nikki se perd entre son rôle et la réalité, et dans ses sentiments, entre ceux pour son mari et ceux pour l'amant du film, sentiments d'abord joués pour ce dernier mais qui se concrétisent peu à peu...

Cette confusion entre les réalités rappelle le deuxième conte de la voisine-sorcière : celui d'une petite fille sur un marché, qui se perd dans l'espace et dans le temps...

Alors que l'on se dit que l'héroïne débloque sérieusement, rien n'est plus aussi certain : au lit avec son amant dans le film, qui l'appelle Sue, comme dans le film, Nikki lui parle d'une scène tournée la veille sans lui, propos inconcevable si les deux amants étaient réellement en train d'être filmés... Or, ils se trouvent dans une pièce sans caméra, une pièce qu'elle retrouvera plus tard, lorsqu'elle se sera aventurée plus avant dans son inconscient. Cette scène ne serait qu'une construction de l'inconscient, à la fois empreinte de désirs et de peurs.

Concernant la pièce de théâtre, étouffante, étrange et absurde, qui apparaît de temps en temps, en plein quiproquo de temps et d'espace, on pourrait proposer qu'il s'agirait d'une mise en abyme ou d'une caricature de la situation que vit Nikki, elle, la femme, vivant entre deux hommes, son mari et son amant.

Souvent, les femmes violées se sentent coupables de ce qui leur est arrivé. Ici, Nikki se voit comme une pute et fait le trottoir avec des copines. On assiste à des représentations incarnées de ses peurs et de ses croyances. Elle se demande aussi, à cause de sa réaction violente et sanguinaire à l'encontre de son violeur, si elle n'est pas une meurtrière. D'où son désir de s’élever, de devenir une star, une étoile parmi des étoiles, un ange et non pas le démon qu'elle craint d'être. Elle meurt d'ailleurs, symboliquement et dans le film tourné par Nikki, ultime mise en abyme, sur une des étoiles pavées des trottoirs d'Hollywood, tel un ange déchu, parmi des sans-logis, d'autres êtres abandonnés et laissés-pour-compte...

A un moment donné, le mari de Nikki, parti en Pologne_ un pays sombre et sordide empli de légendes et de contes, du moins nous est-il présenté ainsi_ dans une des réalités qui s'entrecroisent, entre dans une maison où une jeune fille, blonde comme Nikki, pleure à chaudes larmes. L'homme dit ne pas la voir et rappelle alors le violeur à qui Nikki a arraché un œil. On reste dans le mélange car ici ce n'est pas le violeur mais le mari. En effet, l'inconscient peut faire revêtir d'autres « peaux » à ceux que la conscience ne peut pas encore voir, ne peut pas encore affronter directement.



A demain pour la deuxième partie!



Inland Empire, de David Lynch, avec Laura Dern, Justin Theroux et Jeremy Irons, 2007. 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 18:20

Simon's cat, le retour!

 

 
Et un autre, plus long (9min), mais qui vaut vraiment le coup d' œil!

 


 

 
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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 18:46

Vous n'avez sûrement pas autant de mal que le héros de ce court-mértrage pour vous lever le matin...

 


 
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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 18:30

Alexander Jansson est un artiste graphique à découvrir:

 

Elles me rappellent certains décors du jeu vidéo Alice Madness Returns et, bien sûr!  Tim Burton.

http://www.cinematheque.fr/data/photo/14427.jpgEn ce moment, ce dernier s'expose à la cinémathèque de Paris, après être passé au MoMA de New York: dessins et œuvres de sa jeunesse jusqu'à aujourd'hui, avec des éléments de ses prochains films (Dark Shadows, prévu pour mai 2012 et  Frankenwinnie, pour Halloween prochain).

Profitez également de ces quelques dessins sur Paris croqué par Tim Burton.

ParisNumérique

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  • : Mes critiques de films à déguster sans satiété, quelques analyses cinématographiques plus approfondies, ainsi que d'autres gourmandises, littéraires, audio-visuelles et artistiques. Laissez vos commentaires, j'en suis friande! Merci à Vincent Mallié pour le dessin de mon avatar: http://www.vincentmallie.blogspot.com
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